Peau Pierre Cœur Dur rassemble des textes écrits par Marie Pons et Coline Gras à l’été 2020 dans la vallée de la Carança, dans les montagnes des Pyrénées Catalanes. Entre août et septembre, une petite équipe est montée au-dessus du refuge de la Carança pour expérimenter avec le mouvement, la musique, la pensée, la voix, le paysage et les êtres-vivants-là. Ces mots ont été écrits au coin du feu, à l’intérieur du tipi, sur la table en bois devant le refuge, à côté de la rivière, en haut du pierrier, sur les troncs d’arbres couchés. Une fois redescendus dans la plaine, les écrits sont restés vivants, imbibés des sensations, des images, des accidents rocheux, des rencontres et du hasard éprouvés là-haut. Comme un nouveau tipi, la maison de micro-édition Les Piñatas abrite à présent la parution de cette édition.

Ce livre s’inscrit dans une pratique que les deux amies partagent ensemble depuis 2014, appelée Como se manter vivo ? qui mêle la danse, l’écriture, la marche et la conversation. Ce temps d’écriture a fait partie du projet Dépaysager, un festival de recherche et de création dans le paysage dans la vallée de la Carança imaginé et porté par Coline Gras.

Fruit d’une résidence au Leveld Kunstnartun ainsi qu’au studio Pamflett de Bergen en Norvège, cette édition traverse des paysages colorés comme une expédition dessinée. 

« Tomorrow the forest will be someone else » a été entièrement imprimée en risographie et reliée à la main avec le plus grand soin tandis que dehors il neigeait fort. 

D’abord, il y a eu une correspondance postale, puis une résidence où c’est par le geste que les auteurices ont commencé à travailler. Des mouvements simples sur et avec la peau pour mieux la saisir, l’appréhender.

I.elles ont alors découpé le corps en morceaux, en 24 pages et 24 questions, ici posées par leurs peaux.

Ouvrir cette édition, c’est déjà agir sur elle. La découdre, l’arracher. Le coup de scalpel qui rentre dans les nombreuses feuilles de papier comme autant de couches composant le derme. Est-ce qu’en agissant ainsi sur l’objet, suis-je plus en état de sentir comment j’agis sur mon propre corps ?

Fruit de la collaboration de trois autrices, Marine Foratier, Sarah Baraka et Léa Machado, cet ouvrage traite d’arbres, de marche, de recherche, d’intime et de se laisser traverser plus qu’on ne traverse. Au fil des pages l’illustration rencontre le texte pour fusionner les forêts et n’en former qu’une seule.

Dépliez, encore, redépliez, encore et encore. Page après page, ce livre vous demande de la place pour regarder les illustrations de très très près.

Un livre à découvrir, sens éveillés. Un livre à déshabiller lentement, en suivant le fil, rouge. Tirer un ruban, ouvrir une enveloppe, sentir un parfum… jusqu’à lire entre les lignes.

On revient toujours de quelque part. Que le voyage ait duré des années ou quelques secondes, que vous arriviez de l’autre bout du monde ou de la rue.
Posez votre valise. Un tas de lettres vous attend. Elles se sont accumulées racontant les souvenirs que vous n’avez pas vécus. Vous étiez ailleurs.

Au milieu de l’immensité opaque quelques éclats rayonnent, ils sont seuls, pépites lumineuses parant le noir velouté du ciel. 
La nuit est tombée.
Ensemble, dans la pénombre tranquille, nous avons travaillé, tracé, pensé, écrit, capturé ces fluides nocturnes pour les faire se rencontrer pour que le noir profond rencontre l’or scintillant, pour que les peurs et déambulations se mêlent aux créatures et apparitions du soir…